Zahr ad Daula

J’ai tenté à travers ce projet d’évoquer le costume militaire d’un Ghulam [1] de la fin du XIIème siècle (plus précisément en 1186). Je lui ai choisi une origine Irano-turque, un guerrier issu de la tradition militaire seldjoukide. Les combattants issus des tribus nomades turques composaient l’essentielle des armées islamiques à la fin du XIIème siècle.

Bien qu’il soit membre de la cavalerie légère, comprendre ici « archer monté », il est tout de même polyvalent et peu engager un combat rapproché.

J’ai principalement basé mon évocation sur l’interprétation des miniatures d’un manuscrit, le « Warqa wa Gulshàh » [2] et un certain nombre d’autres sources écrites comme les mémoires d’Usama Ibn Munqidh [3] ou le traité d’armurerie écrit pour Saladin [4]. Les ouvrages de David Nicolle constituent la base de mon travail [5].

Les champs d’action des Ghilmans (sing : ghulam) sont aussi divers que la « douche de flèches » (attaque d’une zone en tir a l’arc montée statique), la bataille rangée ou la guerre de siège. Ils possèdent un entraînement spécifique pour le close-combat où ils sont particulièrement efficaces grâce à leur lourde armure et à celle de leur monture. Leurs armes sont aussi diverses que la lance, la javeline, l’épée, l’arc, la masse ou le lasso...

Avant de commencer à fabriquer les éléments purement militaires du costume, il m’a fallut élaborer un costume civil cohérent. Ayant connaissance de l’origine du personnage, je me suis interrogé sur son rang et sa richesse, deux notions clefs qui induisent le choix des matières employées pour la confection du costume et des différents éléments matériels constituant l’équipement martial. Il s’agit comme nous l’avons vu d’un guerrier professionnel, aussi il n’est pas pauvre et possède un équipement de qualité et en bon état. Il n’est pas pour autant d’un rang très élevé. Je décide qu’il portera donc un costume de qualité mais tout de même assez simple et rustique. Les équipements militaires sont très divers dans le monde oriental, grâce a leur large diffusion au sein des armées islamiques, il est possible de posséder des armes ou armures de contrées lointaines, comme l’Égypte fatimide par exemple.

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[1] Les « Ghilmans » ou « Mameluks » sont des combattants très disciplinés, bien équipés et très entraînés. Il forme une armée de permanents (’askar) autour de laquelle viennent se greffer des troupes levées ponctuellement.

[2] Topkapi Library, Ms Haz 841 Istanbul Turquie

[3] « souvenir historique et récits de chasse d’un emir du XIIème siècle » hartwig Derenbourg, Paris, 1895

[4] Claude CAHEN « Un traité d’armurerie composé pour Saladin », Bulletin d’études orientales, Tome XII, année 1947-1948, Beyrouth, 1948

[5] « Saladin and the saracens » David Nicolle, Osprey Publishing et « Saracen Faris » David Nicolle, Osprey Publishing.

Articles

Qusha (Ceinture de Tir)


Descritptif du carquois et du Goryte de guerre.


« Khud » Casque Oriental


La réalisation d’un casque Türk nommé « Khud » est passé par l’observation du manuscrit « Warqa wa Gulsha » (Anatolie - fin du XIIème - début XIIIème) qui montre une grande variété de casques. Ils sont plutôt de forme ovoïde ou en pointe. La lecture des dites miniatures n’étant pas satisfaisant, j’ai cherché des formes approchantes dans les pièces qui nous sont parvenues jusqu’à aujourd’hui. Le casque découvert à « Murakaevskie » au sud de l’Oural (...)

"Mighfar" - Coiffe de mailles rivées à oeillères (origine Irano-Türk)


Les cavaliers musulmans d’origine Türk utilisaient depuis longtemps des protections faciales en association avec leur casque (notamment des masques visages) ou indépendantes (généralement en mailles de fer). J’ai opté pour une protection indépendante en mailles de type coiffe à oeillères. On en observe à plusieurs reprises dans le manuscrit « Warqa wa Gulsha » (fin XIIème-début XIIIème - Anatolie) portée avec ou sans casque. Il est possible qu’une protection sous-jacente (...)

Ceinture de sabre (période Seljouquide) XII-XIIIème siècle


J’ai décidé de refaire pour le costume de Zahr une ceinture de sabre inspirée de plusieurs éléments que j’ai associés. Elle se compose d’une boucle originale, en forme de lion, qui assure la fermeture par un système ingénieux d’emboîtement (voir photos). Le lion est une figure récurrente de l’art islamique proche oriental des XII et XIIIème siècle. Le lion (arabe : « assèd ») symbolise dans le bestiaire culturel islamique la bravoure ; l’intrépidité ; la (...)

Baydah - casque en cuir durci


Casque en cuir durci J’ai tenté ici de fabriquer un casque similaire à celui découvert dans une armurerie de château (Zardkhanah) dans la région du Jazira et daté au carbone 14 des XII-XIIIeme siècles (approx, 1180-1280). Le casque originel est fragmentaire, il se compose de plusieurs morceaux de cuir, laqués et peints sur leur face externe et de plaquettes de bois collées sur la face interne. La surface extérieure peinte dans des tons de rouges et de noirs se compose d’un (...)

Dabbus (pl. Dababis) - une masse d’arme


Des masses d’une grande variété et d’un usage répandu (incluant tous les peuples moyen orientaux sans exception) furent employées tout au long de la période médiévale au moyen Orient et en Asie centrale. Le monde islamique possède une véritable terminologie en la matière contrairement à l’occident qui ne fait pas de différence entre les types de masses. On distingue deux types : Dabbus (pl. Dababis) et Amùd (pl. Amad). J’ai déjà fait refaire une masse du type « Amùd (...)

Qilàdah - Un ornement militaire equestre musulman


Le « Qilàdah » est un collier décoratif, auquel est suspendu une queue de cheval, qui est attaché autour de l’encolure du cheval sans pour autant être relié au filet. L’origine de cet ornement est obscure mais sa provenance est probablement centre asiatique, vraisemblablement « Turko-Mongole ». Son usage est très ancien, On en voit déjà dans les sources romaines antiques. Il se difuse trés rapidement au sein des peuples islamiques. On en observe très souvent sur les sources (...)

« Khuff » : Bottes Arabo-persanes (fin XIIème - début XIIIème siècle)


Voici une paire de « Khuff » qui sont des bottes portées de manière très courante par les combattants proche et moyen orientaux. Elles sont indifféremment chaussées par les cavaliers d’Égypte, de Perse, de Levant ou encore d’Anatolie. Elles revêtent même un sens théologique particulier pour les musulmans car le prophète en aurait porté une paire et un rite y est même rattaché. Pour la réalisation de cette paire je me suis principallement inspiré de l’interpretation de (...)

Bouclier moyen oriental de type « Kalkan »


Le combat au sabre et à l’arc requiert l’emploi d’un bouclier. J’ai donc entrepris des recherches pour tenter de fabriquer un bouclier pour mon ghulam. Les combattants musulmans utilisent de très nombreuses formes de boucliers. J’ai opté pour un bouclier de petite taille adapté au combat montés. Le « Kalkan » est un bouclier ronds de la famille des « Turs » (boucliers ronds) mais dont l’âme est constitué de jonc ou de canne enroulée en forme (...)

Le « Sharbush » (Coiffe militaire Türk . XII- XIIIème)


J’ai tenté de refaire une coiffe très souvent représentée sur l’iconographie de la fin XIIème - début XIIIème islamique. Il s’agit d’un « Sharbush », une coiffe spécifique portée par les guerriers Türks et attestant ce statut. Sa spécificité réside justement qu’il ne coiffe que les combattants afin de les rendre identifiables. Son origine remonte certainement loin dans la steppe et sa signification exacte nous reste obscure. Je pense pour ma part qu’il (...)

Sabre seljoukide fin XIIème-début XIIIème


L’usage des lames courbes est assez rare à la fin du XIIème siècle en Terre Sainte, les peuples de l’Islam semblent lui préférer les lames droites (« Sayf ») et parfois de facture occidentale. L’exception vient des Türks dont l’origine nomade les incline a utiliser une arme connue sous le nom de « sabre ». J’ai décidé de refaire faire un sabre pour mon Ghulam dont l’origine est justement Seljoukide. Pour ce faire, j’ai principalement utilisé les (...)

La Yalma (un vêtement civil de dessus)


J’ai du réaliser un vêtement civil de dessus pour mon Ghulam. J’ai opté pour une Yalma, une sorte de Kaftan spécifiquement Türk. Pour la réaliser je me suis principalement inspiré des indications données par David Nicole et Timothy Dawson. Il s’agit d’une tunique ouverte sur le devant, dont l’un des pans recouvre l’autre pour en assurer la fermeture. J’ai utilisé un patron assez simple (ci-joint). Pour sa face externe j’ai opté pour un lainage (...)

La Latt (la masse d’arçon)


Des masses d’une grande variété et d’un usage répandu (incluant tous les peuples moyen orientaux sans exception) furent employées tout au long de la période médiévale au moyen Orient. Le monde islamique possède une véritable terminologie en la matière contrairement à l’occident qui ne fait pas de différence entre les types de masses. On distingue deux principaux types bien distincts : Dabbus (pl. Dababis) et Amùd (pl. Amad) Nous laisserons de coté ici le premier type qui (...)

La Jawshan (lamellaire)


Notes et réalisation


Le Sirwal


Le « Sirwal » est le premier élément du costume que j’ai réalisé. Il s’agit d’un « pantalon » attaché à la taille par un lacet. Pour ma part je l’ai réalisé en toile de soie écrue. J’ai choisi un patron assez simple, en U évasé. Il existe aussi un modèle en laine adapté aux chevauchées hivernales ou à la pluie qui serait plus ou moins imperméable. J’ai longuement regardé les enluminures du « Warqa wa Gulsha » et j’ai constaté que les « Sirwal » (...)

Les Muza : Bottes de cavalerie perses


Je me suis questionné sur les souliers que j’allais choisir de réaliser pour mon cavalier. On observe sur les miniatures du Warqa wa gulshàh des cavaliers chaussés de bottes, toutes les sources mettant en scène des combattants de la région nord iranienne représentent des guerriers également bottés. J’ai donc naturellement opté pour une paire de bottes. Pour la forme, j’ai pris le parti d’adhérer à la conjecture que David Nicolle expose dans son livret Osprey « (...)